Réalisateur : Clint Eastwood
Acteurs principaux : Matt Damon, Morgan Freeman
Année de création : 2009
Début : 9’15
Fin : 11’20
Durée de l’extrait : 2 mins 05
Résumé du film :
« Invictus », c’est le titre d’un court poème de William Ernt Henley. Poème connu pour être le préféré de Nelson Mandela. Celui qui l’a aidé à supporter ses années d’exil et lui a donné la force de pardonner. Aujourd’hui, « Invictus » est plus connu comme le titre que Clint Eastwood a logiquement choisi de donner à son film sur le prix Nobel de la Paix.
Le film traite un aspect très spécifique mais essentiel de la carrière de l’homme que ses partisans nommaient de son nom tribal : Madiba. Clint Eastwood choisit de montrer comment Mandela a su utiliser l’événement de la coupe du monde de rugby pour fédérer un pays déchiré par l’Apartheid autour d’une même cause : la victoire de l’équipe nationale. La tâche était d’autant plus ardue que l’équipe des Springboks a longtemps été un symbole de l’exclusion raciale.
Le film est un exemple à plusieurs égards. Tout d’abord, on ne peut qu’admirer la détermination dont Nelson Mandela (Morgan Freeman) fait preuve et qu’il parvient à transmettre au capitaine de l’équipe (Matt Damon). Chacun à son échelle parvient à mobiliser son équipe et surtout, pour la première fois, à créer une raison d’engagement commun entre Afrikaners et noirs (privés pendant vingt ans de la nationalité Sud- Africaine). Du point de vue du formateur, l’effort de pardon est d’autant plus remarquable que Mandela fait preuve d’une parfaite maîtrise des moyens de communication pour atteindre ce but.
Résumé de la scène
Nelson Mandela prend ses fonctions à la présidence de la république, il constate que les Afrikaners ont déserté leurs bureaux. Il demande donc à son assistante de réunir tout le personnel et prononce un discours fédérateur.
Questions d’animation :
– Pourquoi Mandela organise-t-il cette réunion ?
– Comment s’y prend-il pour gagner l’adhésion de son équipe ?
– Malgré le contexte particulier de sa prise de fonction, que pouvez-vous retenir de son discours ? Comment pouvez-vous vous en servir ?
La séquence qui précède vous a peut-être rappelé votre prise de poste. Premiers contacts avec les lieux, avec votre équipe. Etant donné les circonstances particulières de la prise de poste de Nelson Mandela, ce qui marque ici, c’est l’absence du personnel Afrikaner. La nécessité de fédérer son équipe qui est celle de tout manager, s’avère ici être une urgence. Comme le premier discours que vous avez ou que vous allez prononcer face à votre nouvelle équipe, l’enjeu est conséquent. Le nouveau manager doit en effet rapidement mobiliser son équipe autour d’objectifs clairement énoncés. Dans certains cas, comme Mandela ici, vous serez confronté au refus de changement. On peut prendre exemple sur ce discours pour plusieurs raisons : en bon manager, Mandela réagit immédiatement à une situation d’urgence et parvient à énoncer ses objectifs calmement tout en rassurant un public qui, dans sa majorité, s’attend à de l’hostilité de sa part.
L’entrée de Mandela dans la salle de réunion est intéressante dans la mesure où Clint Eastwood prend le parti de montrer l’état d’esprit général en faisant un zoom sur la conversation de deux participants : « il veut avoir la satisfaction de nous virer lui-même. » L’aparté avec son garde du corps crée un contraste avec ce dialogue et donne un premier aperçu de sa technique d’approche. Il refuse en effet de se présenter face à ses nouveaux collaborateurs accompagné de sa défense personnelle. Pour lui, une telle apparition ne ferait que renforcer la crainte mutuelle entre les deux ethnies. Or, son objectif premier, c’est justement d’annihiler cette crainte mutuelle pour pouvoir reconstruire le pays sur un principe d’entente. Et il en a bien conscience, la première vitrine de cette ambition, c’est un gouvernement mixte et uni.
Pour exprimer sa sympathie en entrant dans la pièce, il commence par dire « bonjour » en Afrikaans. Il témoigne ensuite sa sollicitude par un simple « comment allez-vous aujourd’hui » personnellement adressé à quelques membres de l’assemblée et ajoute qu’il est heureux de les voir. Enfin, avant de prendre la parole, il remercie ceux qui sont présents d’avoir répondu à l’appel dans de si brefs délais.
Il se présente brièvement faisant preuve d’une ironie qui détend et rassure l’auditoire. Il explique ensuite la raison de cette réunion fortuite : le constat que de nombreux bureaux ont été désertés à son arrivée. Il enchaîne en précisant qu’il ne retiendra pas ceux qui souhaitent démissionner parce qu’ils sont convaincu en le for intérieur que c’est ce qu’ils ont de mieux à faire. Il précise cependant très rapidement que la peur de ne pas avoir leur place au sein de ce gouvernement du fait de leur ethnie est une mauvaise raison. C’est cette mise en matière qui lui permet d’énoncer son objectif : faire table rase de l’Apartheid. Il le dit mot pour mot : le passé c’est le passé. Il change ensuite de tournure, utilisant le « nous ». C’est un moyen de s’exprimer au nom de toutes les victimes de l’Apartheid : « nous regardons vers le futur, nous avons besoin de votre aide ! ». Cette volonté de pardon, il l’exprime autant pour la majorité d’Afrikaans présents dans l’assemblée que pour les membres de son ethnie qui n’en sont pas encore convaincus.
Il exprime ensuite le réel objectif autour duquel toute l’équipe doit se réunir : rendre service à son état. Il remplit ici l’une des missions classiques d’un nouveau manager qui consiste à mobiliser son équipe autour des valeurs de l’entreprise. Il les encourage à mettre leurs capacités au service de leur travail et leur promet d’en faire autant. Le « nous » qu’il emploie alors désigne bien toute l’équipe.
Le zoom sur l’assemblée témoigne de la réussite de ce discours improvisé de prise de poste, on peut lire des sourires sur la plupart des visages. Même s’il lui reste encore du travail, Mandela a déjà fait un premier pas en gagnant l’adhésion d’une équipe a priori réticente.
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